Euphrate emprunte le chemin de la déportation arménienne en Syrie le long des fleuves Euphrate et Khabour. Les photographies cherchent à puiser dans la nudité de l’espace les signes, symboles et métaphores dont la mémoire s’est revêtue. Un espace où la mémoire, entre archives et sentiments, s’évanouit dans un paysage qui s’ouvre comme une blessure.
Aram Dervent s’intéresse à la notion de peinture et essaye de trouver des correspondances dans la photographie. Tout comme en peinture, la représentation s’inscrit dans une mise en scène, dans une mise en espace qui fait appel à la perspective et se bâtit à l’intérieur d’un cadre. La ligne d’horizon où se fixe le point de fuite, où convergent toutes les lignes, ancre le regard. En réutilisant le principe de la Camera Obscura, cher au peintre Vermeer, Aram Dervent compose des images énigmatiques où la confusion et la dilution d’une ligne parfois légère, ténue entre deux espaces déstabilisent notre perception de la réalité.